mercredi 29 février 2012

Metropolis

À la rentrée dernière, nous avons eu l'occasion de voir Metropolis de Fritz Lang,
à l'honneur.
Sa version (quasi) intégrale est ressortie au cinéma pour la première fois depuis… 1927.
Pour la faire courte:
le film, sorti le 10 janvier 1927 est projeté dans sa version intégrale (153 min) à Berlin.
Deux mois plus tard, il sort à New York dans une version amputée (116 min),
puis en aôut de la même année dans une version de 118 min, version tronquée
mais jugée définitive.
Parallèlement, depuis janvier 1927, une copie de la version intégrale est achetée à Buenos Aires et y est diffusée jusque dans les années 60, sans que personne ne remarque la différence. Puis cette copie se perd et, après moults péripéties, c'est en 2008 qu'on la retrouve et que l'on découvre donc les 25 minutes inédites de Metropolissoit la quasi totalité de la version voulue par Fritz Lang.
Et en février 2010 cette version ressort à Berlin, puis fin 2011 dans nos cinémas…
… ouf, nous y voilà!

Une exposition à La Cinémathèque française accompagnait cet événement:
on y montrait différentes étapes de cette restauration ainsi que la fameuse femme-robot,
des esquisses des décors, des sculptures, le matériel technique d'origine…
On visitait l'exposition comme une sorte de coulisses du film.
La visite était rythmée par des chapitres, le film étant découpé en 6 grands thèmes successifs.

Même si j'ai trouvé cette exposition un peu trop factuelle à mon goût
(j'aurai aimé avoir plus d'indices sur ce film grouillant de références
J'ai regretté que la multitude de thèmes et leur complexité ne soient pas davantage développés), je la trouvais néanmoins bien conçue, et c'était aussi une bonne entrée
en matière pour découvrir ce film multi-facettes.
Je saisis cette occasion pour faire travailler mes étudiants d'e-artsup sur Metropolis.

Ce film, qui est le plus souvent conçu sous un angle duel (femme bonne/mauvaise —
femme humaine/femme robot — riches/pauvres — ouvriers/patrons — labeur/plaisir— bien/mal — raison/déraison — industrie/manuel — haut/bas …)
regorge de nombreuses références culturelles: le jardin d'Eden, 
la tour de Babel, Moloch… et de figures mythiques: l'androïde, le savant fou,
la ville futuriste…
Beaucoup de films ont pioché dans ce film à la structure tentaculaire:
parmi les plus célèbres Blade Runner, Le Roi et l'Oiseau, Superman, Pink Floyd The Wall,
Retour vers le futur, Le Cinquième Élément, The Rocky Horror Picture Show
De plus, ces péripéties de montage, cette copie retrouvée, les nombreuses bande-son
qui l'ont accompagné…
Tout cela en a fait un film culte et incontournable.
Son esthétique est ses éléments ont été tellement repris dans d'autres films, clips, bandes dessinées, l'émission télé éponyme… que même avant de l'avoir vu, il fait partie de notre culture, de notre mémoire collective.

De nombreuses pistes s'offraient donc aux étudiants.
Je demandais aux étudiants de 1re année d'e-artsup de choisir un axe de ce film
et de créer une composition graphique (faite, comme il se doit dans ce cours, entièrement à la main, en stop motion) dont ils animeraient l'arrivée des les éléments de la manière
la plus adéquate avec leur visuel.
Leurs propositions furent spontanées et variées.
Je me suis ensuite amusée à en monter quelques-unes, avec la bande-son techno
de Jeff Mills, musique qu'il créa en 2000 lors de la composition d'une nouvelle bande-son pour ce film.




Crédits: Suzanne Dang, Claire Dujardin, Stefania Giraldo Garcis, Marianne Leleu, Sylvain Murat, Erwan Guillier, Mailys Bouret, Gabriel Turot, Victor Larmaraud, Anissa Tufail, Pascal Charleton, Nadège Calegari, Christelle Chauvet, Cindy Taxeira, Marc Razafindralambo, Victor Blecher, Julie Ruffier, Thibaut Algis.

Parallèlement, je demandais aux étudiants de 4e année de Communication Graphique,
de créer une bande-annonce pour ce film… 
Bande-annonce potentielle pour un festival, événement, soirée thématique…
Et par ce biais revisiter la forme de "bande-annonce".
Ci-dessous, en voici trois, très différentes, que je trouve intéressantes:

Celle de Nicolas Pierre-Louis qui crée une illustration d'une ville-personnage,
illustration au traité vectoriel-futuriste, qu'il mixe avec une "condensation" du film.
(on se souviendra de la bande-annonce de Film Socialisme de Godard, en 2010).





La proposition d'Aleksandar Marjanovic, qui fait ressortir les lignes graphiques
de ce film par un traitement contemporain et électro…



Et le travail de Jules Perron et Mikaël Postiglione, qui réalisent leur bande-annonce à partir d'une installation en stop motion, et dont j'aime particulièrement le "déploiement" typographique du titre.
En bonus leur making of, que j'ai encore accéléré (dur dur, une semaine de boulot compressée en 45 secondes…)